Olivier Lapidus. Designer de l’Hôtel Félicien

Tendances et styles
  • Olivier Lapidus, designer de l’Hôtel Félicien, photo: Shoky van des Horst
  • Olivier Lapidus, designer de l’Hôtel Félicien, credit photo: Jean-Charles Gesquière
  • Olivier Lapidus, designer de l’Hôtel Félicien, credit photo: Jean-Charles Gesquière

Portrait d’un visionnaire et homme de goût.

C’est avec une élégance empreinte de simplicité qu’Olivier Lapidus a reçu Luxury Must Hospitality pour une visite de l’hôtel Félicien qu’il a entièrement designé.
Après avoir signé de très belles collections de haute couture et obtenu un dé d’or, le couturier visionnaire s’est essayé avec brio à la décoration de ce Boutique Hôtel du 16ème arrondissement parisien situé à quelques encablures du Trocadéro.

Ici l’innovation est le maître mot.
Bienvenue dans un univers d’extrême modernité qui célèbre le mariage de la Mode et du Design, sans toutefois jamais négliger le confort des hôtes. On sent immédiatement que la technologie fascine cet artiste qui décrit le Félicien comme "Une évolution chromatique, un jeu de matériaux, le scénario d’une collection entre couture et design".

C’est en effet à la manière d’un défilé de mode que les thématiques s’enchaînent et, du Back Floor au Sky Floor, six mises en scène graphiques se répondent d’un étage à l’autre en jouant sur l’évolution des couleurs et des matières. Les clients fidèles pourront ainsi découvrir un nouvel univers à chaque visite et avoir l’impression de changer d’hôtel !

Les jeux de lumière, savamment orchestrés, concourent à une recherche omniprésente de pureté qui atteint son point culminant au Sky Floor où le blanc éthéré est de mise avec deux très belles suites qui clôturent le défilé telles deux robes de mariée.

Olivier Lapidus est non seulement un homme de goût mais également un homme de détail, trois années lui ont ainsi été nécessaires afin de penser entièrement la décoration de l’hôtel. Il a choisi lui-même chaque élément du mobilier et a mis en scène la décoration dans ses moindres détails, on sent que rien n’est laissé au hasard.
Et, cerise sur le gâteau, le mobilier, créé sur mesure, est 100% Made in France.
Morceaux choisis de cette élégante rencontre …

Vous êtes un créateur de mode réputé pour vos collections raffinées mais aussi pour votre avant-gardisme, est-ce ce point qui vous a amené à vous intéresser à la décoration et au design, un peu à l’inverse de Christian Dior qui était, lui, passé de l’architecture à la mode en son temps ?

L’univers d’un couturier présente incontestablement des similitudes avec celui d’un designer. Les métiers et les matériaux de base sont en effet les mêmes. Nous avons par exemple installé des soies peintes qui sont considérées comme des tableaux et qui sont rebrodées par les mêmes brodeurs que ceux de la Haute couture, en l’occurrence Gérard Trémolet qui a travaillé avec François Lesage.

La décoration devient une nouvelle partie d’univers qui s’ajoute au métier de base du couturier

Je pense vraiment qu’aujourd’hui les couturiers font du design sans le savoir. Ils se doivent en effet de créer un univers complet, de la mise en scène du produit (décoration des boutiques, publicité) au produit lui-même.
La décoration devient une nouvelle partie d’univers qui s’ajoute au métier de base du couturier. Ce métier ne peut plus être monolithique, on parle aujourd’hui d’art de vivre au sens complet du terme.

Mon travail raconte un peu, comme un défilé, l’évolution du textile, de la mode, à travers l’univers d’un hôtel.
A l’inverse de Christian Dior, je suis effectivement passé de la mode au design mais c’est aussi la continuité de mon travail, j’aime cette idée de "transversaliser" les choses d’un métier à l’autre. Avant je discutais avec des artisans brodeurs, des dentelières, aujourd’hui je cotoie des peintres, des menuisiers mais ce sont toujours des artistes amoureux du travail bien fait.

Pourquoi un hôtel ?

C’est avant tout une rencontre avec un groupe d’hôteliers parisiens, Elegancia qui s’est spécialisé dans les hôtels design, mais aussi avec un hôtel qui appartenait à la même famille depuis 1931, un beau bâtiment qui se dresse tel un bateau et qui avance entre deux rues.
L’idée est également née de ma passion pour les accessoires, pour le design.
C’était une évidence.

L’Art est pour moi un véritable héritage culturel

L’hôtel Félicien, hôtel féminin ou masculin ?

Si certains étages sont unisexes, d’autres sont soit très masculins comme le Black Floor, soit très féminins comme le Pearl Floor.
Chacun peut donc y trouver l’univers qui lui convient et s’y sentir bien.

Quels sont vos rapports avec l’Art ? Il semble très présent dans votre vie ?

L’Art est pour moi un véritable héritage culturel. J’ai bien sûr baigné très jeune dans l’ambiance des défilés. Mes parents étaient entourés de beaucoup d’artistes comme Brel, Aznavour ou John Lennon dont mon père avait réalisé le célèbre costume blanc pour la couverture de l’album Abbey Road.
Ma mère était mannequin et sa photo, gravée dans le verre par un artiste français de talent, a été installée juste en face du bar de l’hôtel, peut-être pour me surveiller !!
L’artiste iconoclaste Hippolyte Romain, qui est mon ami, a signé pour moi l’immense fresque qui défile derrière la paroi de verre de l’ascenseur.
Cette fresque est d’ailleurs un résumé du passage de la couture au design, elle retrace tous les grands moments de ma vie de couturier et se termine par des éléments de mobilier qui symbolisent mon nouveau métier de designer.

On a l’impression que la technologie vous fascine...

Elle me fascine effectivement car elle a des racines dans l’artisanat. C’est en effet à partir de la technologie des vieux métiers à tisser la soie qu’est née la fibre de verre ou de carbone. Deux mondes se croisent pour faire naître un nouvel univers.
J’utilise aujourd’hui cette technologie, avec la complicité de Cédric Brochier à Lyon pour créer des robes de mariées lumineuses ou des rideaux lumineux.

Le luxe, c’est du travail, c’est l’humain rajouté à la chose

Quel sera votre demain ?

Mon demain c’est d’aller plus loin dans l’univers de l’art de vivre. J’ai mis 3 ans à réaliser cet hôtel et j’aimerais développer cette histoire et continuer l’aventure du design. Et pourquoi pas à l’international, dans les pays qui bougent, en Asie, Amérique du Sud ou Inde.
Pour un français qui fait tout réaliser en France, c’est intéressant de pouvoir exporter. C’est ce challenge qui constituera mon futur.

Votre définition du Luxe ?

Le luxe, c’est du travail, c’est l’humain rajouté à la chose, ce n’est pas forcément l’argent, d’ailleurs le temps peut par exemple devenir un luxe pour ceux qui n’ont pas le temps.
Ce qui est intéressant, c’est d’apporter des valeurs au luxe, en particulier celles que j’aime dans l’Artisanat, dans la façon de faire du Made in France.

Etre à la mode, c’est ne pas la suivre !!!

Faut-il suivre la mode ???

C’est la dernière chose à faire !
Il faut surtout être soi-même, choisir, comme un peintre tachiste, à travers les multiples tendances ce que l’on aime pour devenir soi-même.

Etre à la mode, c’est ne pas la suivre !!!

www.creationolivierlapidus.com